top of page

Qu’est devenue mon église fraternelle ?

En 2018, l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours compte dans le Monde 16.200.000 membres contre 15.882.000 en 2016, soit une évolution d’environ 320.000 conversions et naissances en 2 ans. Assistons-nous à un ralentissement de la progression du nombre de membres ?


Après la deuxième guerre (1939-1945), l’Église doublait en moyenne sa population mondiale tous les 15/20 ans. En 2012, ils étaient déjà 14.800.000 membres. Si nous observons cette progression depuis ce moment, nous constatons en effet qu’en 6 ans, elle n’a progressé que d’un peu moins de un million et demi, ce qui veut dire qu’au rythme actuel, elle n’atteindrait qu’un peu plus de 20 millions de membres en 20 ans. Il en manquerait dix millions pour poursuivre ce doublement précédemment constaté !


Serait-ce dû à une perte d’intérêt des gens pour la vie spirituelle, une concurrence effrénée d’autres mouvements religieux, le manque d’efficacité ou de moyens pour enseigner et convaincre ? Ou peut-être plus simplement une perte de repères de ses fidèles qui peut-être lassés, finissent par quitter le Mouvement ?

Certains visionnaires dans le courant du 20ème siècle s’attendaient à compter l’Église comme la troisième plus importante du monde Chrétien à l’aube du 3ème Millénaire… Mais beaucoup d’évènements se sont produits, du rapprochement de grands mouvements Protestants, au réveil de l’Église Catholique face à certaines de ses incohérences passées, mais peut-être plus encore de la progression et de l’influence de grands religions non chrétiennes.


Quand on se rend dans les congrégations de France, on constate aussi, comme dans beaucoup de pays, que la population courante, constituée de vielles familles et de nouveaux convertis locaux est peu à peu remplacée par des membres fraîchement arrivés de pays plus lointains, formant certes une congrégation multiculturelle et vivante, mais ainsi peu augmentée de convertis autochtones. L’implantation plus durable de familles locales, semble ainsi laisser la place à un renouvellement régulier des individus ou des familles, comme des fluctuations du nombre des membres actifs dans les paroisses causées par les déplacements plus fréquents des nouveaux arrivants.


Dans la large période 1950-1980 et plus précisément entre 1960 et 1970, l’afflux de convertis locaux était constant et une grande fraternité était entretenue par des activités de groupe. Tous les observateurs sont unanimes pour penser qu’il s’agissait de la période d’or du « mormonisme » en France. Une population jeune et enthousiaste, des familles unies et très actives constituaient ce fond de dynamisme.

Les jeunes enfants enrôlés dans la Primaire formaient des groupes vivants et joyeux. Les jeunes gens et les jeunes filles trouvaient dans la Société d’Amélioration Mutuelle (la SAM aujourd’hui disparue), un creuset pour se divertir sainement dans une franche et sincère camaraderie. Beaucoup partaient alors en Mission pour servir le Seigneur et partager l’évangile avec les autres. Il en était de même dans toutes les organisations de l’Eglise, de la Société de Secours aux collèges de Prêtrise.


La fraternité était palpable, la joie de vivre ensemble dans une société amicale et spirituelle faisait dire des « Mormons » : « Ce sont des gens heureux ! ».

Malgré les règles et un fonctionnement calibré, chacun trouvait son équilibre dans une certaine autonomie. On encourageait les initiatives. L’Église était une Église de Foi et de fête !

Certaines des grandes amitiés qui naquirent entre les familles dans cette période sont restées très vives. On observe même des relations humaines de qualité entre des membres restés actifs et d’autres qui ont depuis quitté le mouvement – au point de penser qu’on était amis avant d’être frères !

Cette atmosphère marque forcément le cœur de ceux qui l’ont vécu et les souvenirs de ces périodes apportent une certaine nostalgie. L’approche actuelle n’a pas fermé la porte à une forme de vivacité et de dévotion. L’Eglise reste un mouvement familial et profondément religieux, mais les gens ont beaucoup changé, certains ont vieilli, les jeunes générations sont arrivées et ces fameuses règles de l’Église ont aussi beaucoup évolué.


Quand on regarde l’Église aujourd’hui, on réalise que les structures tout en se simplifiant, ont rendu la maîtrise des activités aux organisations structurelles comme la Prêtrise. Ainsi la SAM a disparu, les visites au foyer ont évolué, on parle guère des « soirées familiales ». Le déroulement des journées de Sabbat a changé d’enchaînement, pour finalement voir aussi ses réunions restructurées. Tous ces changements sont intervenus progressivement et les dirigeants en ont simplement informé les membres qui se sont pliés à cette nouvelle organisation. S’il faut sans doute parfois adapter son comportement à l’évolution de la Société, il faut cependant constater que même si les administrateurs du culte se sont dit inspirés, aucun de ces changements majeurs n’ont été le résultat d’une Révélation moderne.

Nous sommes dans une situation presque semblable aux autres cultures chrétiennes qui annoncent que tout est écrit et que nous devons nous gouverner nous-mêmes.


Si l’on regarde ce qui s’est passé avec la dissidente Église Réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, il y a quelques décennies, on constate qu’elle a abandonné toute relation au mormonisme, au point de désirer s’appeler maintenant La Communauté du Christ, cherchant sans doute ainsi à mieux se rapprocher d’une certaine mouvance protestante.

L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Église majoritaire) dit aujourd’hui la même chose : Le terme « Mormon » ou « Mormonisme » est de plus en plus soustrait des appellations officielles… et cela a commencé quand elle a refusé aux Mormons Fondamentalistes de s’arroger ce même terme, alors qu’ils y avaient historiquement le droit. Peut-on penser que de se dire « Mormon » est aussi péjoratif que de se penser « Chrétien » ? L’avenir nous le dira.


Nous devons simplement remarquer que l’Église d’aujourd’hui à laquelle nous « Mormons Fondamentalistes Indépendants » sommes cependant attachés – au lieu de se rapprocher des fondements que nous appelons de tout notre cœur, semble s’éloigner encore un peu plus. Nous déplorons cette perte de repères qui se traduit par la tristesse agissante, nous faisant nous lamenter : « Qu’est devenue mon Église fraternelle ? »

Tous les Articles 
bottom of page