La Société d'Amélioration Mutuelle

Dans l’un des tous premiers billets publié sur ce Site (Approfondissement spirituel versus Raisonnement intellectuel = spéculation ou intelligence ?) J’abordai un sujet majeur : celui du développement humain au sein de l’Église. Dans une organisation cléricale qui veut proposer à ses membres tous les aspects de l’approfondissement personnel, on devrait pouvoir s’attendre à la gestion et l’organisation d’activités propres à développer les connaissances et, a fournir de sains divertissements.

Certes l’objectif premier de l’Église est d’enseigner les enfants de Dieu sur les choses spirituelles et à exercer les ordonnances nécessaires à son cheminement religieux. Les Mormons sont connus pour élever leur vie spirituelle au rang d’un style de vie global, c’est pourquoi, plus que toute autre organisation religieuse sur la Terre, ils s’attachent à faire en sorte que les activités spirituelles et séculières soient disponibles en son sein.

Très tôt, l’Église de Jésus-Christ des Saints de Derniers Jours a organisé des Sociétés (ou Associations), chargées de répondre aux besoins d’élévation spirituelle et de développement personnel de ses membres. La Société de Secours pour les femmes, la Primaire pour les enfants et pour les jeunes gens et les jeunes filles, la SAM ou Société d’Amélioration Mutuelle (traduction de l’anglais MIA qui veut dire la même chose).

Durant la très forte période de développement de l’Église dans les années 1970 (surtout auprès des jeunes adultes), cette organisation était « la réponse » au besoin très fort de s’amuser sainement d’une façon relativement autonome.

J’ai personnellement connu cette époque, comme la plus exaltante de ma vie. Nous étions, dans notre branche de l’Église (plus ou moins l’équivalent d’une paroisse), un certain nombre de jeunes, garçons et filles, entre 15 et 25 ans.

Nous apprenions à danser, à jouer du théâtre. Nous organisions des sorties, chasse au trésor, spectacles divers, tournois sportifs et tous nos amusements étaient contenus dans le plus pur esprit chrétien de camaraderie. Nous étions équilibrés, heureux et autosuffisants. Nous trouvions tout ce dont nous avions besoin dans la pratique de notre religion et notre développement intellectuel. Cette autonomie était la plus sure réponse aux tentations malvenues d’un Monde où nous étions fiers de notre place et de nos choix.

Cette société créée par l’Église l’avait été par inspiration et répondait parfaitement aux besoins de nos âges.

Pourquoi fût-elle un jour dissoute (alors que les autres sociétés citées poursuivaient leur chemin) ?

On nous expliqua que l’organisation de la Prêtrise était la réponse la plus sûre et voulue par Dieu pour gérer nos besoins religieux et séculiers et que désormais tout se ferait en son sein.

Aujourd’hui beaucoup d’activités récréatives perdurent dans l’Église majoritaire et tentent de répondre aux besoins d’éveil et d’amusement de ses jeunes membres, mais cette autonomie leur a été retirée.

Sans engager une pensée générale, je pense à titre personnel que l’Église a eu peur du développement phénoménal d’une organisation dont le contrôle risquait de lui échapper. La pensée doit se fondre dans un tronc commun et doit être gérée par l’institution générale de la Prêtrise afin de ne risquer aucun dérapage et surtout aucune réflexion intellectuelle. Un certain nombre de ceux qui ont activement participé à la SAM à cette époque sont aujourd’hui certes dubitatifs, mais surtout animés par une formidable envie de poursuivre cette expansion sociologique, psychologique et intellectuelle qui leur est pratiquement refusée par l’Église. Ceux là n’ont pourtant ni renié leur témoignage, ni faiblis dans la connaissance de l’Évangile et dans sa mise en œuvre dans leur vie.

C’est purement et simplement un gâchis de talents !

Ce qui était vrai et enseigné à cette époque par l’un de nos plus éminents Apôtres : Bruce R. McConkie, devrait rester vrai aujourd’hui.

Voici ce qu’il disait dans l’ouvrage « Mormon Doctrine » :

¨ La Société d'Amélioration Mutuelle

Deux grandes organisations auxiliaires sont prévues pour aider le sacerdoce à conduire la jeunesse de Sion au salut temporel et spirituel. Ces organisations sont la Société d'amélioration mutuelle des jeunes gens et la Société d'amélioration mutuelle des jeunes filles. Sous la direction de leurs chefs exécutifs, assistés par des conseils généraux et des pieux, ces organisations mènent des programmes intelligents et complets dans les districts et les branches, programmes qui aident au développement des personnalités et des talents de la jeunesse de Sion. Le président Joseph F. Smith a résumé les objectifs et le travail des sociétés d'amélioration mutuelle en ces termes: «Le travail systématique accompli aujourd’hui par les collèges de la prêtrise fournit à nos jeunes hommes les enseignements nécessaires en théologie formelle et les forme aux devoirs qui s'y rapportent. Au sujet de leurs appels dans le sacerdoce. Il y a, cependant, un fort besoin parmi les jeunes gens [et les jeunes filles] de l'église d’avoir une organisation et des réunions qu'ils conduisent eux-mêmes: dans lesquels ils peuvent apprendre à présider des assemblées publiques, acquérir une pratique nécessaire pour s'exprimer devant le public et pour s'amuser dans l'étude et la pratique des affaires civiles, sociales, scientifiques, religieuses et éducatives. Les sociétés d'amélioration mutuelle des jeunes gens et des jeunes filles devraient donc être renforcées et leur efficacité accrue afin de compenser et de contrecarrer la tendance qui prévaut aujourd'hui de créer des clubs privés, des organisations secrètes et sociales et des sociétés éducatives choisies. Le champ à occuper est religieux, social et éducatif ». Le travail religieux ne doit pas être formellement théologique dans sa nature, mais plutôt se limiter aux cadres définis par le président Brigham Young, quand les organisations ont été établies: «Que la clé de votre travail soit l'établissement dans la jeunesse, d'un témoignage individuel de la vérité et de l'ampleur du grand travail des derniers jours, et le développement des talents en leur sein. En d'autres termes, obtenir un témoignage de la vérité, et apprendre à déclarer et à exprimer ce témoignage, et à développer tous les dons nobles en leur sein. Le social comprend le contrôle de divers divertissements publics et privés, divertissements et festivals musicaux, dramatiques et autres, sports, tournois sportifs, excursions et autres types de rassemblements sociaux. L'éducation devrait inclure un travail de classe régulier en éthique et religion pratique. La science, l’histoire, la biographie, l’art, la musique, le gouvernement civil - complétées par des débats, des concours oratoires et musicaux, des conférences, des essais, des publications, des lectures et des discours sous les auspices de l'organisation et, si nécessaire, dans des départements capable de se spécialiser dans leurs lignes particulières » (Gospel Doctrine 5ème Edition pages 390-391)

Bruce R. McConkie, Apôtre, 1972 - 1985

Mormon Doctrine, page 369 ¨

Frère Germain