top of page

Un Chœur Mormon pour une investiture américaine

Le 12ème article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Église Mormone majoritaire), rédigé en 1842 – et qui dispense les bases de son credo – annonce :


« Nous croyons que nous devons nous soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats, et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi. »


Quant à la fin du 13ème et dernier article, il stipule :


« …Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation ou est digne de louange. »


En étudiant ces déclarations, nous comprenons que l’Église se déclare solidaire des hommes au regard du comportement citoyen, tout en réclamant dans le 11ème article de foi le droit d’exercer sa religion librement :


« Nous affirmons avoir le droit d’adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes : qu’ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu’ils veulent. »


Pourrait-on supposer qu’en affirmant ces principes, elle résume l’expression :


« Je reconnais l’autorité de ce pays (ou des autres dans lesquels vivent les saints des derniers jours) et je vais respecter les lois, si on me permet de vivre librement ma religion ! »


Certains ont pensé quelques années après son établissement, que l’Église était loin de respecter ses engagements en instituant le mariage plural. Ce principe était – reconnaissons le – simplement contraire aux traditions chrétiennes en général, mais pas encore élevé au rang de « loi des hommes ». En 1890, l’Église accepta de se plier à la loi nouvellement votée, non sans difficultés puisque certains de ses Présidents-Prophètes déclarèrent clairement ne vouloir jamais s’abaisser à cette exigence là ! Puis confrontée au risque de perdre tous ses biens et ses prérogatives, elle finit par rédiger une « déclaration officielle » qui mit formellement un terme à la polygamie dans le sein de l’Église majoritaire.


La Bible nous apprend bien des épisodes (parfois sanglants) où les croyants on dû faire des choix et parfois se battre, aussi bien pour leur liberté de vivre leur foi, que pour celle de leurs droits citoyen ou nationaux. Le Seigneur a aussi par moments commandé d’entrer dans un pays occupé par d’autres peuples (ex. les Cananéens) et d’en annexer purement et simplement le territoire.


Le droit et les devoirs religieux se sont naturellement mélangés aux droits et aux devoirs séculiers, élevant ainsi le peuple des croyants en une entité proprement politique.


Pourtant aujourd’hui (comme d’ailleurs la plupart des mouvements religieux chrétiens), l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours déclare ne pas faire de politique !


Quelques-uns des ses membres sont élus – parfois à des postes de ministres, d’autres fois se présentent à la plus haute investiture lors de l’élection du Président de la République. Mais cela n’est pas la conséquence d’une position officielle, ni la déclaration d’un avis défini sur le choix d’un camp, plutôt qu’un autre.


On le sait, les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont en Amérique, plutôt favorables au camp Républicain. L’Église officielle a toujours cependant parlé avec tout le monde et participé à de nombreuses manifestations officielles en tant que représentante d’un mouvement chrétien influent. Il est évidement extrêmement difficile de ne pas trahir une position « officieuse » dans ses choix de représentation et tous les mouvements citoyens, sociaux et religieux sont confrontés à cette dure discipline, sans que jamais (ou rarement ), on sente une sphère d’influence ou de ralliement. Les Evêques Catholiques français se sont parfois (par exemple), risqués à des positions vis-à-vis de certains projets de lois.


Il est cependant des engagements à prendre envers desquels l’Église officielle de Jésus-Christ des saints des derniers jours se devrait de réfléchir, sans se dire : « Nous ne favorisons ni l’un, ni l’autre dans notre croyance de suivre les institutions, nous devons être présents partout où les évènements officiels nous réclament ! »


Qu’aurait-on indubitablement pensé si l’Église avait cautionné sa présence lors d’une manifestation organisée par un gouvernement totalitaire n’importe où sur la planète ?


Est-ce que le respect des lois et l’obéissance aux règles instituées réclament une attitude neutre dans tous les cas ?


L’Église sait s’élever pour la défense des opprimés et s’agite pour aider les réfugiés du monde entier. Elle participe à la résolution des problèmes et apporte son aide lors des cataclysmes ou de l’oppression des populations. Elle se dresse contre la réduction des libertés et réclame le droit pour tous à vivre libre.


Bien que ce soit le Comité d’inauguration des présidents des États-Unis qui ait invité le Chœur officiel de l’Église (ils ont déjà chanté lors des investitures de 5 présidents et pour des manifestations officiellement organisées pour 5 autres présidents), je ne comprends en ma qualité de mormon indépendant, ni n’accepte le choix de l’Église officielle de participer avec le Chœur du Tabernacle, à l’investiture d’un Président des États-Unis qui se déclare aujourd’hui très clairement contre les valeurs fondamentales que l’Église défend.



Frère Germain


Nota :


Les Médias rapportent qu'une des choristes, membre des 360 participants au Chœur du Tabernacle a présenté sa démission fin décembre 2016, précisant ne pas pouvoir chanter devant un président aux antipodes de ses convictions mormones.

Depuis plus de 30.000 signatures ont été recueillies auprès de diverses communautés mormones (y compris des membres de l'Eglise majoritaire) pour demander au Chœur de reconsidérer sa décision.

Tous les Articles 
bottom of page