L’Église existe-t-elle pour un non-fondamentaliste ?
- Frère Germain
- 1 déc. 2015
- 4 min de lecture
Nous devrions sans doute définir ce qu’est le fondamentalisme avant de pouvoir essayer de répondre à cette question !
Ce terme est universellement utilisé (quand on parle d’Église) par des rites religieux chrétiens de toutes origines… ou issus d’autres nombreuses et diverses croyances. Par exemple, lorsqu’on évoque la religion des musulmans, il est assez difficile d’énoncer une quelconque forme d’Islam modéré, sans imaginer une vision intellectuelle ou une évolution en marge du modèle original, car par définition, l’Islam est irréformable puisque défini une fois pour toutes.
On pourrait sans doute considérer que d’autres cultes sont animés par la même rigueur, comme par exemple les Témoins de Jéhovah, mais l’objet de ce billet n’est pas de lister toutes les croyances qui se réclament du fondamentalisme religieux, mais plutôt de définir ce fondamentalisme.
Est-ce que « fondamentaliste » signifie « immuable, figé, la règle, la seule norme » ?
Cela dépend et donc semblerait ne pas s’appliquer à tous les cas. Certes, « la règle, la norme » sont des notions communes, mais en ce qui concerne les religions qui sont fondées sur la Révélation, « immuable » ou « figé », ne sont pas des termes appropriés ; car pour celles-ci et par essence, Dieu continue de parler et de gérer son Royaume.
Si nous étudions le cas du christianisme, nous observons un avis exprimé suite à la publication d’un extrait de document de la Commission biblique pontificale par Georges Daras dans « Exégèse et Théologie » (1), le site qui expose l’étude des écritures et l’intelligence de la foi :
« La lecture fondamentaliste part du principe que la Bible, étant de Dieu inspirée et exempte d’erreur, doit être lue et interprétée littéralement en tous ses détails. Mais par « interprétation littérale » elle entend une interprétation primaire, c’est-à-dire excluant tout effort de compréhension de la Bible qui tienne compte de sa croissance historique et de son développement. Elle s’oppose donc à l’utilisation de la méthode historico-critique, comme de toute autre méthode scientifique d’interprétation de l’Écriture. La lecture fondamentaliste a eu son origine dans une préoccupation de fidélité au sens littéral de la Bible ».
Pourquoi devrions nous prendre en compte une méthode d’interprétation historico-critique ? Est-ce parce que la CBP considère que « Le fondamentalisme a également tendance à une grande étroitesse de vues, car il tient pour conforme à la réalité une cosmologie ancienne périmée, parce qu’on la trouve exprimée dans la Bible; cela empêche le dialogue avec une conception plus large des rapports entre la culture et la foi ».
Vous comprendrez que je ne suis pas vraiment d’accord avec cette interprétation, surtout quand il est précisé en préambule :
« … le fondamentalisme ne consiste pas à tout rejeter ni à tout interpréter de manière littérale, mais à n’accepter uniquement ce qui arrange ses vues doctrinales (et à critiquer tout le reste) ».
La seule « nuance » que s’autorise l’auteur consiste à reconnaître que :
« …certaines lectures fondamentalistes ne rejettent pas les méthodes historico-critiques, mais leurs présupposés soi-disant anti-chrétiens ou bibliquement non-conformes » [citations exactes, non corrigées]
1) https://exegeseettheologie.wordpress.com/2010/08/08/2178/
Les Mormons Fondamentalistes ont une interprétation très éloignée de ces considérations, car ils s’appuient effectivement sur une « restauration récente de l’évangile », certes enracinée dans les enseignements de Jésus-Christ, mais aussi fondée sur les révélations modernes.
La rigueur de l’enseignement Biblique est ainsi sans cesse confortée par des apports divins, qui au lieu d’éloigner le croyant de la Foi, le ramènent vers une compréhension définitivement plus forte et plus complète.
La puissance de cette approche réside dans la cohérence de la doctrine. Nous sommes en effet fort éloignés d’une pensée figée dans le temps ou dans une « cosmogonie ancienne », l’histoire n’est pas un frein, l’interprétation d’une écriture n’est pas enfermée dans une allégorie antique. La parabole est un langage biblique qui présente une force, qui fixe la mémoire, qui rapproche l’homme d’expériences vécues, qui inspire… mais la parole de Dieu sait aussi être détaillée, précise, parfois formelle, souvent consacrée. Le Seigneur nous donne de nombreux moyens de compréhension comme l’étude, la prière ou la révélation personnelle. Ainsi Dieu précise, perfectionne et complète la doctrine. Son peuple nourri de sa claire pensée devient finalement plus progressiste qu’on n’aurait pu l’imaginer au départ.
Le fondamentalisme repose ici sur des synonymes plus appropriés (capital, élémentaire, initial, vital et même nécessaire !) Il a malheureusement trop longtemps été rapproché d’une forme de fermeture d’esprit, de rigueur mal placée, de fanatisme religieux, mais il faut bien « définir » une différence avec l’autre « progressisme » trop souvent appuyé sur des considérations purement humaines.
L’Église est la communauté de Dieu. Devrait-elle ne pouvoir se reconnaître que dans une évolution de la théologie et de la liturgie imaginée par les hommes eux-mêmes, sans être capable de faire la différence entre ses souhaits, ses espoirs et la seule volonté divine… aussi difficile fût-elle à mettre en pratique ?
L’Église disparaît lorsqu’elle n’est plus nourrie par l’esprit original du Plan de Salut. L’Église ne devrait pouvoir exister que portée par cette pensée fondamentale qui veut que Dieu ne s’éloigne jamais de ses enfants, au point de les laisser imaginer seuls, ce que serait le meilleur chemin. L’Église pourrait-elle ainsi vraiment exister aujourd’hui pour un non-fondamentaliste, quand on réalise qu’elle a été instaurée à une époque fondamentaliste ?
Les Mormons Fondamentalistes Indépendants ont écouté la parole et l’ont gardée, comme ils ont gardé la prêtrise que les saints des derniers jours ont reçue du Seigneur et de ses serviteurs au début du XIXe siècle. Ils savent que le Royaume politique et religieux de Dieu est en marche, mais comme disait l’Apôtre Mormon Georges Q Cannon :
« Vous, saints des derniers jours êtes bien informés qu’il y a deux pouvoirs que Dieu a restaurés dans ces derniers temps. L’un est l’Église de Dieu et l’autre le Royaume de Dieu. Un homme peut appartenir au Royaume de Dieu et cependant ne pas être membre de l’Église de Dieu » Journal of Discourses 20:204
Frère Germain
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