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Éloge de la bienveillance

J’étais tenté de parler de la seule gentillesse, parce que cette notion sous-entend une bonne disposition et un effort pour aller vers l’autre et le comprendre. Mais la bienveillance, disposition plus généreuse à l’égard de l’humanité, me semble couvrir une attitude bien plus large, englobant d’infinies dispositions qui incluent la gentillesse.


La gentillesse conserve une connotation un peu rudimentaire et parfois mièvre. Elle est chez certains considérée comme une forme de faiblesse, elle traduit de la naïveté et un esprit latudinaire (permissif). Une personne considérée comme gentille sera associée à une idée de faiblesse ou même de manque de personnalité.


Souvent, ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire acte de gentillesse sont tourmentés par le besoin de paraître maîtres d’eux-mêmes et de la situation. Ils relèguent cette disposition aux « classes » inférieures, non éduquées, peu armées contre les difficultés de toutes sortes. Le « commandement » est rarement compatible avec un comportement qui semblerait induire de la « faiblesse » et une incompatibilité avec la capacité de conduire, diriger, maîtriser.


La disposition généreuse envers son prochain n’est pourtant pas incompatible avec l’exercice de l’autorité. Celui que l’on pense un dirigeant équilibré est souvent appelé « un guide », bien que l’expression ait souvent été dévoyée, ce qui rend la notion de bienveillance, parfois un peu floue. Ainsi un bon chef n’aura pas à être forcément abrupt et inflexible pour atteindre un objectif de réalisation. La palette diversifiée des bons procédés autorise l’utilisation de nombreux talents, qui vont de la persuasion à l’explication, en passant par l’exemple.


De la même façon, réussir ne se fait pas en écrasant les autres. Les mauvaises pratiques nous ont assuré du contraire, parce que le monde est en général une sorte de jungle où il faut gagner sa place et la préserver. La gentillesse est agréable et soulage, mais elle est vite étouffée par la méchanceté voulue par cette sorte de compétition qui est si présente dans le monde animal. Le genre humain socialisé aurait dû depuis longtemps mesurer la supériorité de rapports harmonieux.


On n’est pas gentil, pour « ne pas paraître méchant », on est gentil parce que l’entraide et la collaboration sont les seuls moyens qui peuvent nous sortir d’une crise, fût-elle relationnelle, économique ou même écologique (ainsi que le disait l’économiste Benjamin Rifkin). On le voit bien dans toutes les détresses, rien ne se règle par l’agressivité et lorsque que l’on se calme, on commence à voir des solutions. Dans les situations de conquête ou d’aveuglement idéologique, il est impossible que la bienveillance s’installe. Il est impératif de gagner quels que soient les moyens, même la mort donnée. La gentillesse peut parfois s’installer dans ces situations, mais c’est une façade qui cache la nécessité d’atteindre son objectif, et même souvent une sorte de « technique » proche du cynisme, de la cruauté, de la malice, de la manipulation et même du vice.


Il faut donc différencier la vraie de la fausse gentillesse, car elle se manifeste parfois par excès de zèle, de galanterie, par le besoin de reconnaissance ou par convention.

L’authentique gentillesse est perceptible à travers une forme d’écoute. Elle s’établit dans la confiance. On sait reconnaître celui qui vous aime sincèrement sans oublier de s’aimer lui-même, ouvert et non soumis. De cette façon, elle encourage la réciprocité, elle atteint une dimension d’exemple. Elle produit de la bonne humeur et le plaisir de se trouver ensemble.


Une personne gentille et bienveillante, observera souvent chez son interlocuteur l’envie de se comporter de la même façon, excepté chez les cyniques invétérés qui riront de notre naïveté. Quel combat menons-nous ? Un proverbe dit que « l’amour est le plus fort », qu’il transforme le monde. S’il laisse quelques uns sur le bord, il ne doit pas nous détourner du principe qui apaise, guérit et rassure !


La bienveillance qui comme on l’a dit est une disposition généreuse envers l’humanité, reste le moteur de la plupart des relations entre les humains et l’attitude qui a donné les meilleurs résultats à travers les siècles.


Elle se débusque et se cultive, mais il faut bien l’admettre, elle se niche naturellement dans le cœur de biens des gens qui la possèdent naturellement ou qui ne l’ont pas vu s’enfuir à cause des épreuves. La bienveillance, la gentillesse sont les meilleurs médicaments du monde, ils soulagent, ouvrent le cœur et sont bénéfiques à la santé psychique.


Comme disait Mark Twain :

« La gentillesse est un langage qu’un sourd peut entendre ou qu’un aveugle peut voir »


Frère Germain

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