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Plaidoyer pour l’interactivité. La prière, un média moderne !

Quand on aborde ce sujet, en fonction des convictions de l’interlocuteur, les réactions peuvent être très différentes, mais généralement, on est confronté à deux types de positions : les gens qui y croient pour l’avoir pratiquée et ceux qui considèrent que perdre son temps à parler à un dieu est aussi bête que d’ajouter foi à la vie sur d’autres planètes.


Il sera évidement compliqué de convaincre les seconds, bien que l’esprit se charge parfois de bien des assouplissements de l’âme ; quand aux premiers, on trouvera en leur sein beaucoup de considérations différentes – même à l’intérieur de dissemblables confessions qui ont la même origine.


Je ne connais pas bien la façon dont prient par exemple les hindous, car leur philosophie et leurs croyances sont bien différentes, mais je suis persuadé d’une chose, c’est qu’ainsi ils épanchent leur âme, font acte de contrition, expriment leur reconnaissance et demandent une attention particulière à leurs besoins. Que nous nous adressions à un dieu, à plusieurs ou leurs intercesseurs, la prière demeure un moyen de communication.


Quand on s’adresse à une divinité, on peut le faire seul à voix haute, au sein d’une congrégation, en public, mais la plus personnelle est celle qui dans le secret entre Dieu et nous, devient l’expression d’une conversation amicale et respectueuse.

Parfois bien sûr, elle peut exprimer des supplications, des regrets ou un repentir, mais elle reste un moment privilégié où le temps s’arrête et où nous sommes seuls avec l’unique intelligence qui peut vraiment nous comprendre et nous aider, parce qu’elle est supposée en avoir le pouvoir.


Dans le Christianisme, ce sujet a passionné les fidèles depuis toujours. Elle semble d’ailleurs être le seul véritable moyen (au-delà d’une conviction surgie à la suite d’un discours inspirant), de nous assurer que ce que l’on nous a enseigné est véridique et, que cela peut changer notre vie. En dernier ressort, quand la chaude impression de bonheur envahit notre cœur à l’écoute des évangiles, l’occasion d’épancher notre âme dans une relation exclusive et intime, nous permet de confirmer notre compréhension.


Une fois, ce moment d’émerveillement et d’enthousiasme passé, pourquoi aurait-on encore besoin de prier ? Les choses étant claires, notre foi affirmée, nous nous pensons aptes à diriger notre vie et parfois celle des autres avec une grande assurance.


La nature humaine nous rappelle souvent aux questions fondamentales : rien n’est jamais acquis, ni nos biens, ni nos pensées.

Ainsi le renouvellement de cet exercice devient une nécessité et l’expression d’une ferveur propre à nous souvenir de nos choix ou nos orientations d’un moment. Avec le temps, la démonstration de nos croyances ou de notre culte s’affermit grâce à la connaissance et aux expériences spirituelles, à nos lectures ou aux enseignements digérés.

La prière, qui est cette expression de la confirmation de la foi, nous semble alors parfois superflue, voire archaïque.


L’humilité que réclame la foi, a besoin de combustible. Le meilleur enseignement que nous ne pourrons jamais recevoir, vient de nos propres expériences.

Comme nous le savons tous, notre condition humaine nous éloigne continuellement des efforts. Les choses doivent nous être rappelées souvent pour bâtir dans nos cœurs une construction solide.


Oublier la prière est la manœuvre la plus sérieuse contre notre foi.

Tant pis pour les incrédules et les moqueurs. Cette prière dans le secret de nos cœurs demeure la manifestation de notre relation privilégiée avec Dieu et elle nous appartient librement, sans que quiconque puisse la brimer.


La prière est véritablement le seul espace de liberté qu’aucun tyran, ni qu’aucun sceptique ne pourra anéantir. Elle demeure la seule vraie force qui ne nécessite aucun carburant et aucune autorisation pour asseoir une relation privilégiée avec la seule intelligence qui nous réconforte de toutes nos misères et nos errements. Qui écoute, qui enseigne, qui intervient et soulage, qui réconforte et éclaircit.


S’il vous plaît, jetez vos téléphones portables !


Frère Germain

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