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Réflexions sur le traitement du mariage plural dans l’Église aujourd’hui

Cette question du mariage plural, dénommé « polygamie » ou « polygynie » par la grande majorité des gens, a besoin d’être éclaircie avant d’en analyser les causes et les effets dans le traitement qui lui est donné par l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.


En effet, si le Monde n’y voit qu’une occasion charnelle pour un homme de disposer de plusieurs femmes ; pour les Mormons, le sujet plonge dans les racines de la théologie et nous fait entrevoir un Plan Divin d’Exaltation. Il s’agit à proprement parler du fondement du Mormonisme, par lequel, un homme digne détenant la prêtrise est appelé à une destinée éternelle, ses épouses scellées à lui dans le Saint temple acceptant délibérément de devenir les génitrices de nouveaux mondes. La compréhension d’un tel principe demeure difficile pour tous, mais s’explicite par les enseignements écritures et révélations de Dieu reçus au cours des temps. Les écritures modernes (Doctrine & Alliances 132) en expliquent les contours et seuls la préparation, l’obéissance, l’étude des écritures, la prière et une relation proche et confiante avec les dirigeants de la prêtrise, permettront de l’envisager. Néanmoins cela reste un commandement ! En 1890, après 60 ans de pratique de cette doctrine dans l’Église, elle a ordonné son abandon, prétextant une nouvelle Révélation. Ce fait est depuis lors contesté, car la procédure ne rempli pas les conditions d’une acceptation sans contradiction.


Ainsi l’Église, depuis le début du XXe siècle, tente par tous les moyens de démontrer à quel point elle s’est engagée dans ce « revirement », afin de satisfaire l’opinion publique. Trouvant une conjoncture favorable pour se hisser au rang des dénominations chrétiennes normalisées par un dogme traditionnel. La Déclaration au Monde le 23 septembre 1995, de Gordon B. Hinckley, Prophète-Président de l’Église entre 1995 et 2008 en est un exemple marquant : « Le mari et la femme ont la responsabilité solennelle de s’aimer et de se chérir et d’aimer et de chérir leurs enfants » ou « La famille est ordonnée de Dieu. Le mariage entre l’homme et la femme est essentiel à son plan éternel ». Il n’est à aucun moment du texte, question de mariage plural… même si le texte présente des dogmes finalement contestés par les autres chrétiens, comme la préexistence !

Des sites Internet de vulgarisation non-officiels (mormonisme.org), mais cependant orthodoxes, abordent en français, très rapidement le scellement des épouses de Joseph Smith et donne des chiffres sur la pratique de la polygamie dans l’Église, précisant qu’il « avait été pardonné aux polygames d’avant 1880 ». On cite encore la déclaration énergique de Gordon B. Hinckley rappelant : « Je tiens à déclarer catégoriquement que cette église n’a rien à voir avec ceux pratiquant la polygamie. Ils ne sont pas membres de cette Église. La plupart d’entre eux n’ont jamais été membres. Ils sont en violation de la loi civile. Ils savent qu’ils sont en violation de la loi. Ils sont soumis à ses peines. ». Mais cette déclaration différente, n’est pas incluse dans l’officielle de 1995 !

Le message général de l’Église au Monde s’abstient systématiquement d’aborder le sujet. Il est seulement parfois discuté dans les instituts de religion mormons qui s’adresse aux étudiants des écritures, mais les mots sont choisis et l’histoire de l’Église est allégée de ses périodes les plus contestées.


On sait que renier ses croyances mène toujours l’homme ou l’institution vers un gouffre d’incompréhension interne et malheureusement externe.

Les fondamentalistes ayant préféré la voie ardue de l’obéissance, ont jeté un trouble sur la réalité de l’abandon, non seulement de la pratique, mais de la croyance. Les dérives inévitables ont creusé l’embarras. Ainsi, l’Église majoritaire est-elle contrainte d’augmenter encore la distance, communiquant non seulement de plus en plus audiblement, mais modifiant même l’approche interne du dogme en choisissant les mots, les explications et en évoquant également des doutes sur la compréhension originelle.


Les quelques textes et déclarations qui suivent vont tenter de le démontrer :


La Polygamie – Heber J Grant et la position de l’Église LDS


« L'Église mormone n’annonce jamais le fait que jusqu'en 1945 tous les Présidents de l'Église LDS (chacun considéré comme un prophète infaillible) étaient polygames. Heber J, Grant, décédé en 1945, était en fait le dernier prophète polygame de l'Église avec trois femmes. Dans les années 1950, il y avait des membres âgés de l'Église LDS qui étaient polygames. Cela signifie que l'Église LDS n’est plus polygame depuis environ 50 ans. C’est une image tout à fait différente de celle dépeinte par l'Église LDS dans son annonce officielle : La littérature et les communiqués de presse, insistent tous sur le fait que l'Église n’est plus polygame depuis près de 120 ans.


Même aujourd'hui les membres de l'Église LDS, dans les Temples, peuvent être scellés (mariés) à plus d'un conjoint pour le temps et l'éternité. Cela signifie que même si un Saint des Derniers Jours ne peut avoir qu’une femme à la fois dans cette vie, l'Église continue d’enseigner que dans l'éternité (au « ciel »), il sera marié à toutes les femmes à qui l'Église l'aura scellé dans ses cérémonies de mariage au temple. Beaucoup de LDS modernes, les hommes, y compris un bon nombre d’Autorités générales modernes de l'Église croient qu'ils seront polygames dans le ciel.


Malgré sa théologie actuelle, l'Église LDS défend le « mariage traditionnel ».


Ceci est la position des Mormons réformés (Reform Mormon) 2015

www.reformmormonism.org


Nota : LDS = Latter Day Saints (Saints des Derniers Jours, ou Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours)


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Bruce R. McConkie : « Si les hommes ont le pouvoir, par l’Évangile et son ordonnance suprême du mariage céleste, de devenir rois et prêtres pour régner dans un état exalté pour toujours, il s’ensuit que les femmes qui sont à leur côté (sans qui ils ne peuvent pas atteindre l’exaltation), seront reines et prêtresses (Apocalypse 1:6 ; 5:10). L’exaltation est issue de l’union éternelle d’un homme et de sa femme. Le Seigneur a dit au sujet des personnes dont le mariage dure dans l’éternité : ‘Alors ils seront dieux’ (D&A 132:20) ; c’est-à-dire que chacun d’entre eux, l’homme et la femme, sera dieu. Ils règneront en tant que tels sur leurs possessions pour toujours » (Mormon Doctrine, p. 613). « Les mariages célébrés dans les temples pour le temps et l’éternité, en vertu des clefs de scellement rétablies par Élie, sont appelés mariages célestes. Les deux parties deviennent mari et femme dans cette vie mortelle et si, une fois mariés, ils remplissent toutes les conditions de cet ordre de la prêtrise, ils continuent de vivre en tant que mari et femme dans le royaume céleste de Dieu. « Si la cellule familiale perdure, alors, en vertu de cela, les membres de la famille obtiennent la vie éternelle (l’exaltation), le plus grand de tous les dons de Dieu, car, par définition, l’exaltation est la continuation de la cellule familiale dans l’éternité. Les personnes qui en héritent sont fils et filles de Dieu, membres de sa famille. Ce sont ceux qui ont affermi leur appel et leur élection. Avec le Christ, ils héritent de tout ce que le Père a et ils reçoivent la plénitude de la gloire du Père, devenant dieux de plein droit » (D&A 132 ; Doctrine du Salut, vol. 2, p. 63-96) (Mormon Doctrine, p. 117).


Extrait du manuel « Le Mariage Eternel »

Manuel de l’étudiant de l’Institut 2001-2003


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« On ne saurait trop insister sur la difficulté d'introduire un principe aussi sujet à controverse que le mariage plural. Un témoignage spirituel de sa véracité permit à Joseph Smith et à d'autres Saints des derniers jours de l'accepter. Pour aussi difficile que cela ait été, l'introduction du mariage plural à Nauvoo suscita effectivement une postérité à Dieu. Un nombre substantiel des membres d'aujourd'hui descend de Saints des Derniers Jours fidèles qui pratiquèrent le mariage plural.

Les membres de l'Église ne le pratiquent plus. Conformément aux enseignements de Joseph Smith, l'Église permet à un homme dont la femme est décédée d'être scellé avec une autre femme quand il se remarie. De plus, les membres peuvent accomplir des ordonnances en faveur d'hommes et de femmes décédés qui se sont mariés plus d'une fois sur la terre, les scellant ainsi à tous les conjoints à qui ils ont été légalement mariés. On ne connaît pas la nature exacte de ces relations dans l'au-delà, et beaucoup de relations familiales se décideront dans la prochaine vie. On recommande aux Saints des Derniers Jours de faire confiance à la sagesse de notre Père céleste, qui aime ses enfants et fait tout pour leur progression et leur salut ».


Conclusion du texte : « Le mariage plural à Kirtland et à Nauvoo »

Publication sur LDS.org, un site Internet officiel de l’Église

https://www.lds.org/topics/plural-marriage-in-kirtland-and-nauvoo?lang=fra



Rappel de la définition du travail au temple :


L'œuvre du temple et la généalogie : Selon la doctrine, l'Évangile est enseigné aux morts dans le monde des esprits où, ayant leur libre arbitre, ils peuvent accepter ou non les sacrements accomplis pour eux dans cette vie. Ces sacrements, œuvre de salut pour les morts, sont accomplis par procuration dans les temples par les membres de l'Église considérés dignes. Les Saints des Derniers Jours font des recherches généalogiques pour découvrir les noms et dates de naissance de leurs ancêtres afin que les ordonnances salvatrices (baptême, confirmation, ordination, dotation, mariage, scellement aux parents et aux enfants) soient accomplies pour eux.

Nota : Parmi ces ordonnances sont cités les « mariage » et « scellement »


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Citations concernant des Dirigeants anciens et modernes :


« Dans le cas où un homme épouse une femme dans l'alliance éternelle et qu’elle meurt alors qu'il continue dans la chair, puis en épouse une autre par la même loi divine, chaque épouse lui sera attachée et entrera avec lui dans sa gloire » (Mormon Doctrine clear and simple, or The leaves of the tree of life, par Charles W. Penrose, p.66, 1897, Salt Lake City, UT).


Cette doctrine a été réaffirmée en Octobre 2007 à l'enterrement de la seconde épouse de Howard W. Hunter, quatorzième président de l'Église mormone par un orateur non cité. Le Deseret News signale :


« Le président Hinckley a affirmé la nature éternelle du mariage entre Sœur [Inis] Hunter et le président de l'église, dont la première femme, Claire Jeffs, est décédée après une longue bataille contre la maladie d'Alzheimer. Elle est maintenant enterrée à côté de lui dans le cimetière de Salt Lake City.

Inis Hunter « va maintenant trouver le repos de l'autre côté », a-t-il dit. « Ils ont été scellés sous l'autorité de la Sainte Prêtrise de Melchisédek pour le temps et pour l'éternité, a-t-il ajouté, rappelant la cérémonie de mariage qu’il a effectué pour eux dans le temple de Salt Lake en Avril 1990 ». Deseret News, le 22 octobre 2007.



Joseph Fielding Smith, dixième président de l'Église mormone, s’est remariée deux fois après la mort de sa première femme, et dans son livre, Doctrines du Salut, Vol. 2, p. 67, il fait remarquer : «... mes femmes seront à moi dans l'éternité. »



Harold B. Lee, onzième président de l'église, également remarié après la mort de sa première femme et a été scellé à une autre femme et il semble qu’il avait hâte de vivre une relation polygame dans le ciel. Il, en fait, a écrit un poème dans lequel il réfléchit : Comment sa seconde épouse, Joan, se joindrait-elle à sa première femme, Fern, et deviendraient-elles ses femmes éternelles :


Ma belle Joan m'a été envoyée : Donc Joan rejoint Fern Être trois est peut-être plus approprié pour l'éternité. « O Père céleste, sois-tu remercié» (Deseret News 1974 Église Almanach, p. 17)


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Il est étrange de constater que la notion de mariage éternel entend bien de façon claire, la pluralité des épouses. Pour toutes celles scellées aux Saints qui avaient obéi au commandement de mariage plural, comme à ceux des frères qui avaient bénéficié d’un scellement à plusieurs épouses après le décès de la précédente, une foi le principe abrogé. Tous auraient le droit de vivre l’exaltation, s’ils avaient été dignes et avaient obéi aux commandements.


Lors des premières années de ma vie de membre (dans les années 60), il était encore enseigné de façon beaucoup plus ouverte que maintenant, que les scellements au temple à plusieurs femmes décédées leur permettraient de vivre avec nous dans le plan d’Exaltation.

Il n’y avait en outre aucun doute pour les épouses successives, l’une après le décès de l’autre. On parlait encore très peu de la question de la polygamie précédemment pratiquée. C’était une vieille histoire – l’important était de pouvoir se conformer à Doctrine & Alliances 132.


Ces écritures très explicites n’ont pas été retirées du canon. Elles ne peuvent pas l’être. Cependant, dans le souci de se conformer à sa nouvelle image de défense de la famille monogame, l’Église ne s’étend pas sur le sujet – C’est particulièrement flagrant dans le cours d’Institut cité dans ce texte.


Le discours officiel a ainsi changé : « On ne connaît pas la nature exacte de ces relations dans l'au-delà, et beaucoup de relations familiales se décideront dans la prochaine vie. On recommande aux Saints des Derniers Jours de faire confiance à la sagesse de notre Père céleste, qui aime ses enfants et fait tout pour leur progression et leur salut ».


Le sujet reste ouvert !


Frère Germain

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