Réflexion sur la tentation de la chair
- Frère Germain
- 17 avr. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 nov. 2021
L’expression utilisée dans le titre de cette réflexion présente volontairement une connotation religieuse. Sans doute aussi est-elle plus « élégante » qu’une autre phrase claire mais crue, exposant la « pulsion sexuelle » qui régit la grande partie des sentiments de toute forme de vie !
Dans le règne du vivant, on observe en effet une propension irrépressible à vouloir se reproduire. L’homme maîtrisant partiellement le concept de civilisation a cherché depuis des millénaires à canaliser, dominer, si ce n’est dompter les relations entre l’homme et la femme et parfois d’autres composantes sexuelles. Les facteurs poussant à cette volonté ont toujours été gouvernés par des considérations morales, comportementales (incluant le respect naturel) et, évidemment… spirituelles.
La plupart des religions défendent ces plus hautes valeurs. Elles ont souvent inspiré les gouvernements des hommes, mais des croyances, comme d’ailleurs pour certaines sociétés humaines laïques, ont intégré des comportements contraires ou dévoyés.
On observe cependant dans l’ensemble des mouvements chrétiens une plus grande attention sur cette question, car les paroles rapportées des Prophètes sont relativement claires sur le sujet.
La Communauté religieuse des catholiques applique à son clergé des règles strictes et disqualifiantes. Cette doctrine s’inspire notamment des paroles de l’Apôtre Paul : il convient de demeurer célibataire, de se garder de toutes contraintes afin de partager l’évangile et d’exercer son ministère.
Ce sont les Conciles d’Elvire (305-306) et surtout celui de Trente (1545-1563) après de longs débats au sein de l’Eglise, qui ont rendu tardivement cette règle stricte, règle qui malgré les murmures, a peu de chance à notre avis, d’être réformée sans mettre en péril les fondements mêmes de l’Eglise Catholique Romaine.
Pour le reste des créatures de Dieu, c’est le respect de certains protocoles qui définit des relations équilibrées et respectueuses. La Civilisation tempère depuis toujours l’union entre un homme et une femme par des lois. Ainsi a-t-on vu progressivement régulés des concepts excessifs comme le droit de cuissage (cependant jamais inscrit dans la Loi) et certaines formes de domination, tout en restant parfaitement insuffisants en ce qui concerne le viol, l’inceste et bien d’autres formes de pratiques sexuelles plus ou moins tolérées. Le respect de la virginité, de la chasteté, demeurant plutôt des concepts religieux jugés nécessaires pour le service de Dieu.
Si l’on réfléchit à cette attirance irrésistible qui pousse les humains à s’accoupler à tout prix, on est en droit de s’interroger sur le produit corollaire des déviations et parfois même des humiliations que cela entraîne trop souvent. On pense à la pornographie, la pédophilie, aux perversions et autres abus en général.
Une certaine liberté défendue à grands cris, réduit malheureusement la frontière entre une grande liberté sexuelle et ce qui est défini comme une perversion, laissant libre cours à l’interprétation plus ou moins floue de ce qui est ou non autorisé, mais surtout acceptable.
Il n’en reste pas moins que l’homme, dans son animalité, demeure le plus grand détenteur de cette « pulsion sexuelle », même si de nos jours la femme a acquis une grande autonomie et un désir personnel qui lui ont été longtemps refusés au nom de principes millénaires et discutés, la reléguant à un statut de « côte d’Adam ».
(Genèse 2 : 21- Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. 22- L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.)
La civilisation, qui a bien des défauts, a lentement évolué en gommant partiellement ces notions de supériorités imagées par l’esclavagisme, le refus de statut d’humain à certaines peuplades primitives ou exotiques, le statut inférieur des femmes par le sentiment de domination de nombreux peuples conquérants.
Peut-on cependant réfuter cette « pulsion sexuelle » en ne lui prêtant qu’un statut de déviation ?
Longtemps les religions l’ont considérée comme telle et la compréhension de ce « besoin » si puissant est restée floue.
Devrions-nous lui donner un autre nom pour le rendre acceptable ou du moins compréhensible ?
Il est d’abord important de reconnaître son utilité.
Si l’on se réfère aux écritures des peuples du livre, Dieu aurait dit : « croissez et multipliez ! » (Genèse 1 :28)
Une invitation qui se heurte à toutes les limites de cette injonction.
Comment respecter ce « commandement » sans tomber dans ses travers ?
Dieu nous aurait-il donné des « armes » pour atteindre cet objectif ?
Sans s’arrêter sur ces considérations religieuses, tout le monde admet que l’homme porte en lui, ce besoin de se rapprocher de son semblable. Cela est si fort que l’on peut le lier à d’autres nécessités :
Sans respirer, on meurt, sans manger, on meurt !
Sans globalement pourvoir de nouvelles générations, peut-on rester vivants ? … A la fin, sans doute, disparait-on aussi !
Il semble finalement que ce questionnement soit bien plus simple qu’on ne le pense en général :
L’homme est majoritairement attiré par la femme, pour se multiplier !
Ce besoin est si puissant que cela reste l’un des besoins les plus nécessaires de son existence. Chez les animaux on parle « d’instinct de reproduction »
Mais comment pourrions-nous expliquer cette pulsion chez l’homme ?
Le peut-on par le « désir »… démontré aujourd’hui par la science comme un ensemble de réactions chimiques complexes ? Il est dans notre organisation policée, probablement le sentiment le plus important, le plus irrépressible permettant d’atteindre cet objectif.
Et même si les déviations perturbent l’homme continuellement ; dans le principe, il reste le plus sûr moyen de lui permettre de continuer à habiter la planète.
Sans la recherche (parfois refoulée ou mal comprise) du plaisir, l’homme ne connaîtrait pas le besoin si pressant de se reproduire. L’acte sexuel aurait pu devenir un rite, peut être même une obligation, modifiant considérablement toute notre approche philosophique.
Finalement, les hommes sans nécessairement comprendre cette disposition ont su, comme pour beaucoup d’autres principes, utiliser le moteur sans la raison, ce qui nous semble, a noyé le moyen dans l’objectif et parfois détourné son utilisation pour le seul usage du moteur.
L’homme comme pour tout ce qui vit possède un « instinct de survie », cependant le « désir » le pousse avec ardeur vers un besoin du renouvellement de ses générations. C’est ce moteur, qui avec intelligence et nécessité, préside irrésistiblement sur sa propre volonté.
Le Comité MFI
(Frère Germain nous a quitté en 2021)
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