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Et le mariage plural aujourd’hui dans l’Église majoritaire et chez les Mormons en général ?

Inlassablement depuis des décennies, les mormons encore convaincus par la nécessité du mariage plural, ont dit, répété et publié des études pour démontrer sa réalité théologique.


Jusque dans les années 70, l’Église majoritaire qui avait su calmer l’opinion publique américaine en redéfinissant sa « défense » de la monogamie, se trouvait dans une sorte « d’état de grâce », ceci tout particulièrement en Europe où ce problème n’avait pas le même fondement historique. On parlait de ce sujet comme une étape dans certains épisodes religieux anciens et récents où Dieu avait autorisé cette pratique. Cependant, et surtout depuis Brigham Young, l’Église avait su lui donner une justification associée d’une clarification qui permettait à ceux qui pratiquaient la polygamie de se sentir en « harmonie » avec les lois de Dieu.


Brusquement avec les remous suscités par les « affaires » concernant certains polygames débridés de notre époque, l’Église majoritaire a durci le ton, au point de condamner ouvertement, publiquement et même juridiquement cette pratique qui faisait pourtant tellement partie de son histoire.


On peut même noter que le combat de l’Église est finalement devenu virulent, comme (sans doute) pour justifier sa position renforcée depuis le deuxième Manifeste. Excepté dans les études accessibles aux étudiants du phénomène, l’Église majoritaire a ainsi montré une certaine mauvaise foi en n’expliquant pas dans les manuels à la disposition des fidèles, ce qui était réellement arrivé ; répétant continuellement que c’était un péché, une abomination et que cela n’avait été pratiqué que par une très petite partie de la population de l’Église, pendant un court temps, puis que les prophètes avaient remis bon ordre sur cette question.


Aura-t-il fallu des publications historiques, des études loyales de chercheurs dans et hors de l’Église, une manifestation profonde de l’établissement de toute la vérité, pour qu’enfin l’Église majoritaire fasse appel à des « érudits » comme elle les nomme, afin de clarifier le contexte historique de cet épisode (malgré tout majeur) de son histoire.


Dans un ensemble de documents publiés par l’Église majoritaire à travers l’application Internet « la Bibliothèque de l’Evangile » [Histoire de l’Eglise – Essais sur des sujets de l’Evangile – Le mariage plural et les familles plurales dans les premiers temps de l’Utah], nous retrouvons, nous Mormons fondamentalistes, enfin les éléments que nous avons-nous-mêmes présentés depuis si longtemps et qui ont été balayés par des non dits… et parfois des avis contraires officiels.


Nous ne reviendrons pas sur l’ensemble des points spécifiquement historiques, mais sur au moins deux d’entre eux : L’Église admet enfin que la majorité des Apôtres de l’époque n’avaient pas accueilli le Manifeste favorablement et que certains Prophètes-Présidents avaient poursuivi la pratique du mariage plural, l’autorisant par ailleurs au Mexique et au Canada.


L’Église admet qu’en effet, certains frères avaient été nommés pour pratiquer ces mariages en dehors des États-Unis, que beaucoup de dirigeants espéraient que cette « décision » de cesser le mariage plural était provisoire ! Elle admet enfin que plusieurs Prophètes-Présidents après Wilford Woodruff étaient encore polygames (Lorenzo Snow, Joseph F. Smith et Heber J. Grant) Voir : http://info-mfi.wixsite.com/base-editoriale/single-post/2015/01/09/Évocation-et-ministère-des-Prophètes-du-Mormonisme. Ce point est particulièrement flagrant dans l’histoire « officielle » présentant ces grands dirigeants et qui ne mentionne jamais leur état marital en dehors de la première épouse, s’abstenant précautionneusement de faire état de la moindre indulgence envers cette pratique du mariage plural.


Je dois donc saluer cette « ouverture d’esprit » qui cependant reste limitée à ce canal Internet peut être réservée davantage aux intellectuels, chercheurs, scolaires et personnes non membres intéressés par l’histoire de l’Eglise, car les Sites officiels de l’Église majoritaire restent encore malheureusement très vagues sur les détails.


Je crois qu’il viendra un jour où il sera possible d’entrevoir que l’Église admette qu’elle a effectivement changé d’attitude, probablement en grande partie forcée par la loi qu’elle explique vouloir suivre avec attention. Les deux Manifestes qui condamnent ouvertement la polygamie sont clairement présentés comme une décision mûrement réfléchie et rédigée, mais restent éloignés d’une affirmation puissante et divine, comme on aurait pu l’imaginer, venant d’une Église inspirée par Dieu et dirigée par ses représentants.


Il ne s’agit donc pas d’un commandement au sens précis du terme (l’Église majoritaire ne dit pas le contraire), car le mariage plural reste quoi qu’on en dise, le fondement du Mormonisme, censé compléter en profondeur le merveilleux Plan de Salut.


Les « fausses impressions » ont la vie dure, surtout quand les excès de certains amènent l’opinion publique à penser que :


1/ la polygamie est contre nature et contre la norme de la société

2/ Les polygames n’ont pour objectif premier, que la pratique de la luxure


Alors que le « commandement » du mariage plural fait partie d’un rite divin et sacré qui ne doit être pratiqué que lorsque les conditions ultimes sont réunies :


La dignité, la connaissance approfondie de la loi, l’avancement significatif dans la pratique de la prêtrise, le plus haut niveau de qualités comportementales, les moyens nécessaires pour vivre la loi dans les meilleures conditions possibles et surtout la bénédiction d’une autorité reconnue par Dieu.


La loi du pays est sans doute un frein et parfois même la source d’un jugement ou d’une pénalité importante, surtout là où la cohabitation des « épouses » est l’objet d’une proscription. Ce n’est pas partout le cas !


Justement, Rien ne doit se faire envers et contre tout ! Rappelons nous qu’il y a d’une part la loi et de l’autre la possibilité de vivre sa foi.


Frère Germain

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