De la Nécessité du Rassemblement

L’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dans les premières années - en accord avec les instructions enregistrées dans Doctrine & Alliances (D&A 123 : 21-28) - prêcha le rassemblement des Saints en Sion. Cette doctrine considérée comme révélée fait partie encore aujourd’hui des croyances des Fondamentalistes. L’Église a par la suite arbitrairement modifiée son opinion et ses recommandations (sans aucune Révélation moderne) et, encourage aujourd’hui les membres à rester dans leurs propres pays. Le texte qui suit, écrit par l’éditeur du Millenial Star, journal officiel de l’Église, fut rapporté par le missionnaire appelé à l’ouverture du travail d’évangélisation en Suisse en 1853 dans l’organe officiel de ce pays, en français.

De la Nécessité du Rassemblement

Le sujet que nous allons traiter est d'une si grande importance, qu'il ne faudra pas s'étonner si nous y revenons fréquemment. Les Saints ne sauraient trop s'en occuper. L'idée d’un rassemblement est inconnue dans les diverses religions pratiquées ici-bas. Comment pourrait-elle trouver place dans l'esprit d'hommes qui ne connaissent pas la nécessité d'un commandement divin, et par conséquent ne cherchent pas à connaître les desseins du Ciel relativement à la génération actuelle ? Si une secte avançait un pareil principe, une autre le repousserait ; et si par hasard elles tombaient d'accord sur cette question - le lieu de leur établissement deviendrait un antre sujet de dispute. L'homme éclairé, parcourant l'histoire des religions chrétiennes dans les siècles passés, restera convaincu que le genre humain a été privé de toute révélation divine qui pût le guider. La sagesse humaine s'est substituée à la direction céleste. Chaque génération a vu naître de nombreuses théories sur la science la plus sublime, - le salut de la famille humaine. Et cependant, pour peu qu'on réfléchisse, on reconnaîtra combien il est absurde de s'en tenir aux révélations qu'il a plu à Dieu de communiquer dans les siècles passés, sans chercher pour soi-même une direction immédiate, actuelle - tirée de la même source d'intelligence, toujours aussi vive et aussi féconde que dans les temps anciens. Il suffit de parcourir les saintes Écritures sans préjugé pour se convaincre que les diverses révélations qui furent données de temps en temps s'adaptaient d'une manière particulière aux individus qui les recevaient, ainsi qu'aux circonstances dans lesquelles elles furent données. Dans tous les âges du monde, lorsque Dieu eut un peuple qu'il reconnaissait et qui suivait sa loi, ce peuple ne se contentait pas des traditions de ses ancêtres : il cherchait sans cesse de nouvelles communications du Ciel, en rapport avec sa situation présente. Le Nouveau-Testament renferme un certain nombre d'épîtres écrites à différentes branches de l'Église chrétienne primitive, et relatives à des circonstances particulières. On y trouve, suivant les cas, des enseignements, des réprimandes adressées aux chrétiens au sujet de leurs transgressions et de leur iniquité. Ces émanations de la sagesse divine sont encore dignes de notre respect, comme exprimant une partie de la vérité éternelle. Mais en les examinant aujourd'hui, il est facile d'apprécier quelle en serait la valeur en supposant qu'elles nous fussent données dans les circonstances actuelles et avec la même autorité. Rien ne saurait justifier l'apathie du monde religieux en ce qui concerne les communications divines. Chaque page des Écritures sacrées semble nous prescrire de rechercher les mêmes privilèges. La confusion qui règne dans le monde en matière de religion, et qui augmente et se complique de jour en jour, nous apprend comme d'une voix de tonnerre combien il est nécessaire que Dieu révèle ses desseins, qu'il parle de nouveau à la famille humaine qui chancelle et trébuche dans les ténèbres de l'ignorance, afin qu'elle s'éveille, qu'elle écoute la voix du Seigneur, qu'elle marche dans la lumière des cieux, sous la direction de la suprême intelligence. Le Dieu des cieux a jugé bon, à la onzième heure, d'appeler son serviteur Joseph le Prophète et de lui faire connaître sa volonté, afin que les vignerons soient envoyés pour tailler la vigne une dernière fois avant la fin du jour où se termine l'épreuve humaine, où le méchant sera détruit, et préparer l'inauguration du règne de la justice, la glorieuse période du repos millénaire. Par l'entremise de Joseph, une lumière nouvelle a brillé sur le monde ; les grands secrets du passé ont été révélés, et l'on vit poindre les consolantes lueurs d'un avenir sublime et de la gloire qui éclatera à l'apparition du Seigneur Jésus-Christ. Nous avons reconnu qu'un homme, avant de prendre le caractère d'un envoyé de Dieu, doit avoir reçu l'autorité d'en haut. Nous avons entendu proclamer, sans qu'ils fussent souillés par la corruption des hommes, les simples principes de la vérité éternelle, que le Seigneur s'était plu à faire connaître pour le salut de la famille humaine. La grande et généreuse loi d'adoption dans la famille de Dieu a été promulguée de nouveau. Nous avons appris à considérer notre race dans sa vraie condition ; nous avons pu contempler et apprécier la sagesse et l'excellence de ces principes, de ces ordonnances qui nous ont été révélés pour notre bonheur éternel. Nous avons reçu le discernement nécessaire pour repousser les erreurs, les fausses croyances du siècle qui obscurcissent nos esprits et nous retiennent dans l'esclavage, secouer nos chaînes et jouir de cette liberté que Christ seul peut nous procurer. Nous avons pu observer la fidélité de Dieu dans l'accomplissement des promesses qu'il a faites à la maison de .Joseph, en découvrant que les aborigènes du continent ouest sont les débris de cette multitude de nations que devait produire la postérité de Joseph, suivant les prophéties. Par l'interprétation de la parole de leurs pères - le Livre de Mormon, - nous avons reçu les glorieux principes du Salut ; et nous avons reconnu avec joie le bâton de Joseph, qui était dans la main d'Éphraïm, réuni par le pouvoir de Dieu au bâton de Juda, pour devenir une seule souche, en témoignage de la fidélité éternelle de Dieu. Nous apprenons ce grand secret : que la postérité d'Éphraïm a été répandue parmi les nations, afin de croître au temps fixé par le Seigneur et devenir, entre ses mains, un centre d'attraction autour duquel viendront se grouper les peuples de toutes les extrémités de la terre. Par l’obéissance à la parole révélée par son serviteur et par ceux qui ont été choisis pour le ministère, nous avons reçu de l'Esprit du Seigneur les différents dons et bénédictions dont jouissait son peuple dans les âges anciens. - Ayant ainsi la connaissance de la vérité qui était promise, nous nous réjouissons de la position que nous occupons en face du Dieu de l'univers. Voilà une partie des principes que nous avons appris, des glorieux privilèges dont nous jouissons, quoique nous soyons encore, à la vérité, entourés d'étrangers et au sein de la grande Babylone des derniers jours. Demandera-t-on maintenant pourquoi nous nous rassemblons ? Nous allons exprimer quelques-uns des motifs qui nous y engagent. Nous nous rassemblons, d'abord, parce que c'est le commandement de ce Dieu dont nous avons tant reçu, dont nous avons éprouvé la fidélité en recevant les bénédictions qu'il a promises à ceux qui lui obéissent. Nous nous rassemblons parce que, étant entrés dans l'alliance de Dieu, nous avons reçu son esprit, que le monde ne peut pas comprendre. Nos espérances, nos désirs sont changés. Nous sommes guidés par un principe nouveau, vivifiant, immortel, de vie, de lumière et d'intelligence. Nous désirons respirer une atmosphère qui ne soit pas souillée par les méchants, vivre dans la société de ceux qu'anime le même Esprit, et jouir de la paix qui n'existe pas hors du peuple de Dieu. Nous nous rassemblons parce que, d'après ce que nous avons déjà reçu, nous savons certainement que nous ne sommes encore que de petits enfants en sagesse et en intelligence des choses de Dieu, et que, parmi les Gentils de la terre, nous ne pouvons acquérir les glorieux privilèges que Dieu réserve à son peuple ; parce que c'est seulement dans son Temple, après avoir été purifiés et sanctifiés, que nous serons dignes des divines ordonnances qui s'y trouvent, et que nous pourrons parvenir à une position plus élevée dans le royaume de notre Père céleste. Nous nous rassemblons parce que nous sommes assurés que les Saints de Dieu dans les derniers jours sont appelés à devenir une nation dont le royaume et la domination seront dévolus aux Saints du Très-Haut. Comment pourrions-nous, sans nous rassembler, devenir une nation ? Car la dispersion d'un peuple a été, dans tous les siècles, un signe de malédiction, et une nation éparpillée ne saurait s'organiser en royaume. Il faut donc que les Saints se réunissent, afin qu'ils puissent recevoir leurs ordonnances et leurs institutions des cieux et se préparer à devenir citoyens du royaume céleste de Dieu. Nous nous rassemblons parce que les Saints-des-derniers-jours ont reçu l'ordre de sortir de Babylone, de peur de participer à ses péchés et d'être frappés de ses plaies. L'ordre entier de la divine vérité, ainsi que les révélations de ces derniers temps, nous apprennent les calamités et les jugements que le Seigneur fera peser sur les nations de la terre. Dieu, dans sa miséricorde, nous a indiqué un refuge où nous pourrons échapper à ces désastres et nous préparer pour la venue du Fils de l'homme. Et comme l'on demande souvent pourquoi l'Amérique a été choisie pour le lieu du Rassemblement, pourquoi l'on n'a pas préféré une autre partie de la terre pour y placer la Sion des derniers jours, nous répondons : C'est en accomplissement des promesses de Dieu, car c'est là le pays donné aux descendants de Joseph. Nous nous rassemblons parce que, pour se protéger mutuellement, il faut que les Saints soient réunis. Or, comme ils ont reçu l'Esprit de Dieu, le monde les haïra nécessairement, comme il haïssait leur maitre ; car il ne peut exister aucune sympathie entre l'esprit du monde et l'Esprit qui anime les Saints de Dieu. C'est pourquoi nous voyons la nécessité de nous réunir dans nos propres demeures, où l'amour et l'harmonie régneront. Nous nous rassemblons dans la nouvelle Sion, parce qu'il n'y a aucune localité sur toute l'étendue de la terre qui soit préférable, soit sous le rapport des institutions politiques, soit à l'égard des richesses naturelles et de la fertilité du sol. Et quand toutes choses seront révélées, on saura que le continent occidental de l'Amérique a été le théâtre où se sont produits quelques-uns des événements les plus importants du grand drame des siècles passés. Nous nous rassemblons, enfin, parce que, quand les temps de la mortalité finiront, quand le jour de la première résurrection éclatera avec une splendeur sans pareille sur le monde, alors les Saints qui sommeillent ensemble se réjouiront d'être également unis dans la résurrection. Tels sont les principaux motifs qui établissent la nécessité, pour les Saints-des-derniers-jours, de se rassembler en une nation, afin que le Seigneur ait un peuple particulièrement à lui, plein de zèle pour les bonnes œuvres. Ce peuple sera l'Épouse ornée et préparée pour la venue du Grand Époux, destinée à s'asseoir avec lui et jouir de sa présence au jour où il régnera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, et oh sa gloire sera déployée devant ses anciens serviteurs. - Puissions-nous, ainsi que tous les Fidèles, mériter notre salut par l'obéissance à chaque parole sortie de la bouche de Dieu, et être accueillis dans l'assemblée des justes !

Thomas WARD

Publié dans Le Réflecteur (organe de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours)

N°10 – Vol.1 – Octobre 1853 – Édité et publié par T. B. H. STENHOUSE

Imprimerie CORBAZ ET ROUILLER FILS, Lausanne, Suisse

• Thomas Ward, né en 1808, fut le président de la mission Britannique de 1842 à 1843. Il a été jusqu’en 1846, l’un des premiers éditeurs du Millenial Star.

• TBH Stenhouse, compagnon missionnaire de Lorenzo Snow en Italie, Écossais d’origine, a ouvert le travail missionnaire en Suisse. Il a ensuite émigré en Utah avec son épouse et il est devenu Godbeite (William S. Godbe créa le Parti Libéral d’Utah et fut opposé politiquement à Brigham Young. Il créa finalement sa propre Église en 1870 qui disparut en 1880).